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Delali M-B Attiopou

LES MOTS QUI PARLENT A NOS MAUX

TOGO : la Savane , la faune et les "crève-la-faim"

TOGO :  la Savane , la faune et les "crève-la-faim"

"Dans sa politique socio-culturelle visant à placer l’homme togolais dans son cadre de vie naturel, lui faire reconquérir son authenticité perdue, connaître et apprécier les valeurs de son héritage culturel, le gouvernement a résolument mis au point un processus d’éco-développement et de conservationdontlesobjectifsfon- damentaux consistent à planifier la gestion des Parcs nationaux et Réserves analogues de façon à protéger et à améliorer nos ressources naturelles existantes en vue du bien-être socio-économique des citoyens en général et des populations rurales en particulier "

Nous sommes à Kara en Juin 1982 et la fondation Eyadema en partenariat avec les autorités togolaises se lance dans la grande aventure de la protection de l'environnement et des ressources naturelles.

Depuis, les frontières des réserves naturelles n'ont cessé de s'élargir, principalement dans la région des Savanes, la plus pauvre du Togo.

Elles sont ainsi passées d'environ 164 km2 dans les années 1960 à plus de 2635 km2 en 1985 soit environ un tiers (31%) de la superficie de la région. et 40% des réserves nationales .

Mettez vous un instant à la place d'un togolais de la région des savanes, région où les terres fertiles sont moins abondantes, qui au nom de la réconciliation avec son authenticité se voit privé en l'espace d'une décennie du 1/3 de ses terres à plus fort potentiel, car la réserve en question se trouve dans le bassin de l'OTI.

De ce bassin, en 1975, il était question de faire un complexe agro industriel de plusieurs milliards de francs CFA, complété par un ranch naisseur à Borgou afin de régler la question de la faim et de lancer définitivement la révolution verte si chère au Général Eyadema.

La suite vous la connaissez ? " Business as usal" : Médiatisation par la machine à propagande puis abandon ( les ajustements structurels sont aussi passés par là ) . Les populations quand à elles ont été entrainées contre leur gré dans le nouveau projet éléphantesque de la "Suisse de l'Afrique .

Toute la région deviendra réserve naturelle : Les créations d'emploi promises par le développement du Tourisme, les aides promises aux populations déplacées des promesses qui n'engageront encore une fois que ceux qui y auront cru... comme en témoigne cet extrait du Journal le monde en date du 22 septembre 1981 :

"Au début de la saison des pluies, quand les cases sont tout juste reconstruites et recouvertes, quand les champs sont prêts pour les prochaines semailles, on procède à l’expulsion pure et simple, sans délai de milliers de petits paysans; sans indemnité sans aide et, de plus, sans le moindre plan d’évacuation, sans orientation vers un nouveau territoire. (...) cases brûlées, greniers détruits, et déchirés à coup de hache par les paras, quand on n’allait pas assez vite pour les enlever "

Pour la population de l'OTI à 90% rurale et dépendant de l'agriculture de subsistance, les conséquences seront irréversibles, paupérisation croissante, portions de terres cultivables en décroissance face à une population qui elle augmente :

- Perte de terrain de chasse donc d'apport protéique pour une population déjà mal nutrie,

- Interdiction de la pêche qui constituait une activité traditionnelle pour les riverains de l'OTI

- Inacessibilité du bétail aux pâturages des bas-fonds et aux points d'eau particulièrement recherchés en saison sèche, avec pour conséquence directe la dépendance de l'extérieur pour l'approvisionnement de viande bovine, filière que nous aurions pu développer.

Voila résumé en quelques lignes , les sujets de griefs des populations de la vallée de l'OTI.

(A dessein je ne rentre pas encore dans la phase la plus moche de ce dossier )

Ces protestations ont été jugées illégitimes par le préfet qui a estimé qu'ils n'avaient pas droit au chapitre.

Des hommes armés ont donc été envoyés pour les "calmer" :

Nadjo Alimayou - 19 ans

Famoussa Adam - 15 ans

Kampi Bassam - 16 ans

Baba Fousseni - 32 ans

Saya Amadou - 37 ans

étaient sortis réclamer leur droit à une vie plus décente. Ils seront réduit au silence ... à jamais .

Nous sommes en 2015, et le Togo siège au conseil des droits de l'homme des Nations Unies .

Delali M-B ATTIOPOU

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