Madame Etikônam ( J'en ai marre ) vous connaissez ?

Ce n'est ni plus ni moins que Madame " 80% des togolais" .Le journal "the telegraph" a classé en Avril 2012 les togolais comme étant le peuple le moins heureux au monde. Je me souviens m'être insurgée en disant " quand même! le Togo ce n'est quand même pas la Syrie! "

Et c'est vrai, ce n'est pas la Syrie. Nous ne sommes pas bombardés tous les jours, Nous ne vivons pas sous l'angoisse permanente du manque de tout, de pénuries diverses.

Non, le Togo enregistre des excédents céréaliers et sur les étals de marchés se trouvent à foison tout ce qu'il faut pour faire des repas sains, équilibrés participant à renforcer l'espérance de vie de nos populations et consolider nos progrès en santé publique. Le souci c'est que 80% des poches et portes monnaies ne peuvent s'offrir cette abondance qu'offre notre ex "suisse africaine" qui se gausse de sa croissance annuelle avoisinant les 5% du PIB.

En cette journée du 10 Avril, madame "J'en ai marre"  ( voir vidéo  en bas du post)  se retrouve donc à ramener son fils/sa fille à l'hôpital. Et elle y apprendra que c'est un jour de grève. Son sang ne fait qu'un tour, car chaque Jour passé dans un hôpital togolais est générateur de frais. Nous sommes au Togo, il faut nourrir le malade, ceux qui le veillent et payer jusqu'au matériel médical de base utilisé pour les soins.

A qui s'en prendre? au personnel médical? Madame "J'en ai marre" ne peut s'y résoudre, car voyez-vous ? elle n'est pas idiote, elle est consciente des difficultés de son pays. Elle est consciente que ces difficultés transcendent, les corps de métiers, les groupes ethniques, les régions, et même les carcans politiques.

Elle voit que des gens travaillent, ont une fiche de paie, et malgré cela ne peuvent manger à leur faim. Des femmes se lèvent tôt le matin vont au marché et reviennent parfois bredouilles quand elles ne vendent pas à perte parce qu'il y aura des enfants à nourrir le soir. Des enfants qu'on ne peut pas laisser encore sans rien avaler car trop souvent ils ont été à l'école le ventre vide, et que le repas du soir est parfois le seul que la famille partagera.

Madame "J'en ai marre" est une femme, une mère, qui voit son pays mourir. La politique et ses rouages, elle n'y connait pas grand chose, mais elle sait qu'un "Dukplola" littéralement " conducteur de peuple" doit avoir comme soucis premier le bien-être de ce dernier. Elle se souvient de l'organisation de nos "dukô" (groupement de peuple) avant l'occidentalisation de nos modèles sociétaux. Elle n'est pas diplômée en communication mais elle en appelle à cette sagesse africaine, à ce sens de la raison qui veut que quand une tension, une querelle ou un mécontentement arrive, celui qui a autorité sur le groupe se fasse le devoir de réunir les parties prenantes et de leur PARLER pour calmer les frustrations.

Car même s'il est vrai qu'un berger conduit son troupeau avec un bâton pour le diriger, Les hommes n'étant pas des bêtes, on ne peut les conduire à coup de silence entre-coupés du bâton de la répression ; à moins de vouloir éveiller au final le pire en eux.

Il parait que certains silences sont d'or, mais celui qui règne à la tête du Togo est coupable. Si d'aventure ce silence était l'expression d'un ras-le-bol, qu'il nous permette alors de lui rendre une politesse Sonore : " ETIKONA MI " (nous en avons marre)  de grâce, PARLEZ A CE PEUPLE!

Delali M-B Attiopou